158 L’éditeur signale plusieurs incohérences qui rendent le texte incompréhensible. Selon lui, pour définir ce qu'est la justice, le croyant doit à la fois faire appel aux données scripturaires (Coran) et au raisonnement. Ce hadith illustre parfaitement [23] ce que sont les « Amis modérés de Dieu » (awliyā’ Allāh al-muqtaṣidīn) : ce sont les compagnons de la droite et les rapprochés [de Dieu], les devanciers. Longtemps considéré comme l’ennemi acharné du soufisme, Ibn Taymiyya (m. 1328) est en réalité un réformateur ayant abondamment puisé dans les doctrines mystiques. 35 Ibn Taymiyya, La profession de foi d’Ibn Tamiyya, p. 84. D’autres parmi [les gens de Bassora] étaient « foudroyés » (yuṣʿaqūna)121 lors de la récitation du Coran. 139 Nous savons par ailleurs qu’Ibn Taymiyya rejette la validité de la réunion des trois répudiations (ṭalāq) en une seule, s’inscrivant ainsi en faux contre l’opinion majoritaire de son école. Ce groupe ne dénie pas pour autant aux gens de la Qibla la foi du fait des désobéissances et des grands péchés [qu'ils commettent], [...] « Les croyants ne sont que des frères. Des études postérieures sont venues confirmer ces affinités[23], allant même jusqu’à suggérer son appartenance à la confrérie soufie Qādiriyya[24]. En effet, je n’ai vu personne plus raisonnable (aʿqal) que lui ». Voir Kalābāḏī, Traité de soufisme, p. 126-128. Puis, émergea parmi [les gens de Coufa], [le principe] de l’opinion personnelle (ra’y)152, qui était, en certains points, contraire à la Sunna et que la majorité des gens ont désapprouvé. [Il est dit par ailleurs] que le taṣawwuf, c’est la dissimulation des sens spirituels (kitmān al-maʿānī) et l’abandon des prétentions (tark al-daʿāwī)161. Henri Laoust fait remarquer que la seule mystique qu’Ibn Taymiyya ait réellement combattue est le monisme existentiel (ittiḥādiyya)[26]. 103 Les questions qui suivent laissent, d’une part, penser qu’il existait à l’époque d’Ibn Taymiyya une multitude de voies mystiques et, d’autre part, des interrogations quant à l’authenticité de ces voies. Et ainsi, on a mentionné d’autres, semblables aux [gens de Bassora] qui, dans leurs états spirituels (aḥwāl), le renoncement (zuhd), l’abstention scrupuleuse (waraʿ), la dévotion (ʿibāda) et bien d’autres choses, furent plus zélés que les Compagnons (QDA) et [allèrent au delà de] ce qu’avait prescrit le Messager. 109 Ḥasan al-Baṣrī (m. 728) faisait partie de la génération des « Suivants » (tābiʿūn). XI, p. 434-435. Du fait que le renoncement (zuhd) était plus répandu chez les pauvres, beaucoup assimilèrent le faqr à la voie du renoncement (zuhd), qui relève du genre soufisme. : Damas au viie/xiiie siècle : vie et structures religieuses d’une métropole islamique, Beyrouth, Dar el-Machreq . Le butin est destiné aux émigrés qui sont pauvres, qui ont été expulsés de leurs maisons et privés de leur bien tandis qu’ils recherchaient une faveur de Dieu et sa satisfaction et qu’ils portaient secours à Dieu et à son Prophète ; – ceux-là sont les véridiques ! Soit de par la confusion qui s’est emparée d’eux, soit pour d’autres raisons. 69 Pour muqarrabūn, voir Coran 3 : 45 ; 7 : 114 ; 26 : 42 ; 56 : 11, 88 ; 83 : 21, 28. XIII, p. 345-385. Des deux ivresses, celle de la passion et celle du vin. Ṭabarī (al-), Muḥammad ibn Ǧarīr ibn Yazīd, Ǧāmiʿ al-bayān ʿan ta’wīl āyi al-Qur’ān, Le Caire, Hiǧr, 2001, 26 vol. À propos des sābiqūn muqarrabūn, certains ont dit que s’ils parlent c’est de Lui (fī-hi) qu’il parlent, s’ils agissent c’est pour Lui (la-hu), s’ils demandent c’est à Lui (min-hu) que s’adressent leurs demandes, s’ils entendent c’est de Lui (min-hu) qu’ils entendent ; ceux-là sont l’élite de Dieu (ḥāṣṣat Allāh) et du nombre de Ses intimes (ahl al-wilāyati-hi). 27 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. D’autre part, les questions posées au début de L’épître des soufis, font part de la multiplicité des voies soufies (suluk), sur lesquelles Ibn Taymiyya doit se prononcer. La suite de l’épître nous induit à penser que cette précision est loin d’être anodine. , Th. Approches comparatives, Turnhout, Brepols, p. 17-40. Selon notre auteur, les premiers enseignent qu’il est dans l’intérêt (maslaha) de la foule que l’on s’adresse à elle de sorte qu’elle s’imagine que les choses sont ainsi, même si c’est un mensonge ; auquel cas, ce serait un mensonge dans l’intérêt de la foule, puisqu’il n’existerait d’autres moyens pour la guider vers le chemin du salut que celui de l’instruire par le biais de symboles[38]. (Coran 56 : 88-91). En effet, leur interprétation de la loi est si rigide, selon lui, qu’ils s’obligent à la contourner par des subterfuges juridiques. En vérité, le meilleur d’entre eux est le plus pieux. Ibn Taymiyya, Aḥmad ibn ʿAbd al-Ḥalīm Taqī al-Dīn : al-Istiqāma, Médine, Ǧāmiʿ al-imām Muḥammad b. Saʿūd, 1983, 2 vol. شكّل الرأي المسبَق في ابن تيمية ومذهبه الحنبلي من جهة والصعوبات المنهجية الخاصة للدراسات عن التصوف الإسلامي من جهة أخرى العوائق الرئيسية لبحث معمّق في علاقاته بالتصوف. 5Ses écrits, souvent de circonstance (Chodkiewicz 1984b, p. 99), nécessitent que l’on en précise le contexte, et donc la portée. Et si les ascètes étaient rattachés à cette tribu, [ce rattachement] aurait été encore plus probant à l’époque des Compagnons, des Suivants et de leurs successeurs [immédiats]. Il est l'auteur du Târîkh ul-Islâm (Histoire de l'islam), en une vingtaine de tomes. 182 Sur la traduction du terme sābiqūn, voir nos remarques supra, n° 70. Ibn Taymiyya est un des théologiens musulmans les plus cités et les plus controversés au début du XXIe siècle. 32 Cité par Kalābāḏī, Traité de soufisme, p. 91 : « Sache que les sciences des soufis sont les sciences des états spirituels. ». D’autres histoires de même sorte sont rapportées. Son cœur est endurci et ne s’adoucit point à l’audition du Coran ou à l’invocation [du nom de Dieu] (ḏikr). Cependant, la majorité des gens préféraient le faqīr. 7D’une manière générale, la mystique pose un problème d’approche méthodologique, car il ne s’agit pas seulement de s’en tenir à une analyse phénoménologique de l’expérience religieuse. XIII, p. 362. Voir Peskes 1999, p. 153 et 159. Et peut-être même les préféraient-ils aux Compagnons, à l’instar des [exagérateurs] qui louaient les dévots [de Bassora] et qui, sans doute, les préféraient aux Compagnons. 36À travers son exégèse, Ibn Taymiyya souligne le double processus qui permet d’atteindre le degré de la proximité divine (qurb)74. […]} (Coran 2 : 286). Eric Geoffroy, “Le traité de soufisme d’un disciple d’Ibn Taymiyya: Ahmad ‘Imad al-din al-Wasiti (m. 711/1311),” in Studia Islamica (82, 1995), pp. Nous retrouvons ce thème dans les propos de Nūrī (m. 907), cités et commentés par Kalābāḏī (m. 995) : « Ta proximité ne saurait être le fait de mes attributs ; mais au contraire, s’approcher de Toi ne peut se faire que par Toi et ne provenir que de Toi. ʿAbd al-Raḥmān b. Muḥammad b. Qāsim, Beyrouth, Mu’assasat al-risāla, 1978, 37 vol. Ne t’est-il pas parvenu que je suis le Tout Recouvreur [des fautes] (ġafūr)150 et le Miséricordieux (raḥīm) ? 87 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al‑fatāwā, vol. ». Ton pardon notre Seigneur ! Gril, Denis, 1996b : « La Voie », dans A. Popovic et G. Veinstein (dir. 3, p. 247-248. 143 Pour la suite du texte l’abréviation QDA pour « Que Dieu les agrée » ou « Que Dieu l’agrée ». 51 Notons qu’ici, Ibn Taymiyya analyse le miʿrāǧ du Prophète dans la perspective d’une expérience mystique. L’épître al-Ṣūfiyya wa-l-fuqarāʾ, qui fait l’objet du présent travail, révèle non seulement son approbation explicite du soufisme, mais encore une défense énergique de cette discipline contre ceux qui la condamneraient en tant que telle. 45Dans L’épître des soufis, le šayḫ al-islām s’efforce de montrer que le terme taṣawwuf, loin d’être une appellation sans réalité, désigne une science islamique à part entière, au même titre que le fiqh. 42Au vu des écrits du šayḫ al-islām, il nous semble désormais malaisé de voir en lui l’ennemi acharné du soufisme. En effet, l’ivresse spirituelle peut survenir sans que le serviteur ait cherché à la provoquer, à l’exemple d’une audition fortuite (samāʿ lam yaqṣid-hu)137, déclenchant ses émotions endormies [jusque-là] (yuḥarriku sākina-hu). Concernant l’opinion d’Ibn Taymiyya à propos des exégètes cités ci-dessus, voir Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. Ce qui a eu pour conséquence la division des gens en deux groupes : un groupe condamnant et dénigrant [les extatiques]. Voir Ibn al-Naǧǧār, Ḏayl tārīẖ Baḡdād, vol. Voir Laoust 1962, p. 29. (Coran 56 : 8-11). Le soufisme implique, selon lui, « la gnose (maʿārif), les états spirituels (aḥwāl), les bonnes mœurs (aḫlāq), les règles de bienséance (ādāb), etc. Kalābādī (al-), Muḥammad ibn Isḥāq Abū Bakr, Traité de soufisme : Les Maîtres et les Étapes, trad. wuqūf ou awqāf), tels, les ḫānqāh171. Et ainsi, on rapporte d’autres histoires à propos de ceux qui moururent à l’audition du Coran. 66 Concernant le thème de la walāya (ou wilāya), voir Chodkiewicz 1984c . La dernière modification de cette page a été faite le 17 novembre 2020 à 18:56. 2 Pour la « wahhabisation » progressive de l’islam sunnite et l’hostilité de Muḥammad b. Alors que muqarrabūn, participe passif de la IIe forme verbale, signifie ceux qui sont rapprochés (ici, Dieu rapproche Ses serviteurs de Lui-même). Il y a tout d’abord les soufis des « réalités métaphysiques » (ṣūfiyyat al-ḥaqā’iq), ceux-là mêmes qui ont atteint le degré de ṣiddīq. souhaitée]. Everyday low prices and free delivery on eligible orders. D’autre part, voir les avertissements de J-C. Garcin à propos de l’emploi du terme « Saint » : Garcin 2006, p. 33-34. Ce fut également le cas de ʿAlī b. Fuḍayl b. Le théologien, spécialiste du hadîth et historien Al-Dhahabi est un autre disciple d'Ibn Taymiyya. 47Un autre élément en faveur d’une telle hypothèse réside dans sa généralisation des thèmes du soufisme à l’ensemble des croyants. Il ajoute que les actes extérieurs (ẓāhir) de la dévotion n’ont aucune utilité sans les actes intérieurs (bāṭin), car les aspects ésotériques des sciences et des actes (al-umūr al-bāṭina min al-ʿulūm wa-l-aʿmāl) représentent le véritable fondement de la religion. Voir Kalābāḏī, Traité de soufisme, p. 126. III, p. 242-243. Jurisconsulte et théologien hanbalite, Ibn Taymiyya (1263-1328) est une des figures majeures de l’histoire islamique. Similar Items. (Coran 19 : 58). Pour un aperçu des doctrines soufies incriminées par Ibn Taymiyya, voir Henri Laoust, « Le réformisme d’Ibn Taymiya ». Pouzet, Louis, 1983 : « Prises de position autour du “samâ‘” en Orient musulman au viie/xiiie siècle », Studia Islamica 57, p. 119-134. Makdisi, George, 1963 : Ibn ʿAqīl et la résurgence de l’islam traditionaliste au xie siècle (ve siècle de l’hégire), Damas, Institut français. À l’inverse, cet état n’est pas condamnable, si la cause en est licite (mašrūʿ), ou bien si elle survient de manière accidentelle et que celui qui en est victime ne peut le repousser. C'est le cas d'Éric Geoffroy, qui dénonce la récupération d'Ibn Taymiyya par l'État islamique, caricaturant et simplifiant sa pensée à l'extrême, à l'heure où Ibn Taymiyya est très cité sur les réseaux sociaux comme Twitter par des sympathisants du djihad. Muslim, Abū al-Ḥusayn ibn al-Ḥaǧǧāǧ al-Qušayrī al-Naysābūrī, al-Ṣaḥīḥ, Beyrouth, Dār iḥyā’ al-kutub al-ʿarabiyya, 1991, 5 vol. Ne nous punis pas pour des fautes commises par oubli ou par erreur […] ». Cependant il ne s'agit pas d'une condamnation de tous les soufis, bien au contraire, parlant lui-même élogieusement des « gens de science » parmi les soufis qu'il oppose aux négateurs parmi ces derniers. ʿImād al-Dīn al-Wāsiṭī (m. 1311), le disciple qu’Ibn Taymiyya avait initié à la lecture du hadîth, affirme en effet que la voie pour atteindre cette proximité divine n’est autre que l’imitation (mutābaʿa) du Prophète Mahomet, dans ses œuvres extérieures comme dans ses états spirituels[33]. Tandis que les rapprochés de Dieu (muqarrabūn)69, encore appelés les « devanciers » (sābiqūn)70, sont ceux qui se rapprochent de Dieu par les actes obligatoires suivis des actes surérogatoires (nawāfil). XI, p. 21. Il s’agit en réalité d’un adjectif d’attribution, tels qurašī, madanī, etc. 124 À propos de Yaḥyā b. Saʿīd al-Qaṭṭān (m. 813), voir Homerin 1985, p. 224, note 28. Tu verras sur leurs visages l’éclat de la félicité. En effet, les écrits du docteur hanbalite présentent le soufisme comme une science à Il y dénonce la consommation de vin, de haschich mais également l’amour et la passion des formes, ainsi que le samāʿ. » [Sourate 49, versets 9-10]. Son aspect éthique ne diffère pas de celui des mystiques et des traditionalistes primitifs : « ordonner le bien et interdire le blâmable ». X, p. 225-231. R. Deladrière, Paris, Actes Sud, 2005. 10Ces remarques et interrogations suggèrent une redécouverte de l’œuvre d’Ibn Taymiyya et de son milieu selon une approche micro-historique15, accompagnée d’une démarche attentive aux multiples dimensions et expressions de la mystique musulmane. XI, p. 18. READ PAPER. ». On a prétendu que le terme ṣūfī se rapportait à Ṣufa b. Bišr b. Addi b. Ṭābiḫa, une tribu arabe qui dans l’ancien temps habitait dans les environs de La Mecque et à laquelle on rattache (yunsabu ilay-him) des ascètes (nussāk)112. 174 Cette autre « digression » est très probablement une référence à un débat de l’époque, que nous n’avons cependant pas pu identifier. Sur son réformisme en général, voir Laoust 1962. Voir nos remarques, supra, p. 113. 23 Pouzet 1983, p. 132 ; Homerin 1985, p. 226, n° 32. Le soufisme, ou la science des états spirituels97, a pour finalité de conduire, progressivement, le « cheminant » au degré de la proximité divine (qurb). ابن تيمية المناهضة للتصوف من مستشرقي القرن التاسع عشر، وقد اشتدّت هذه السمعة منذ ظهور الوهابية والسلفية. 160 Définition attribuée à Sahl al-Tustarī (m. 896), citée dans Kālābāḏī, Traité de soufisme, p. 30. ». IX, p. 202-203 ; Māwardī, al-Nukat wa-l-ʿuyūn, vol. XI, p. 11. De même qu’il est erroné d’attribuer l’origine du terme ṣūfī au « rang (ṣaff) avancé qui se tient devant Dieu » ou bien à « l’élite (ṣafwa) de la création de Dieu111 ». XI, p. 19. 21Pour les ahl al-sunna wa-l-ǧamāʿa, de qui le savant hanbalite se réclame, le Coran, la Sunna et le consensus de la communauté musulmane (iǧmaʿ), forment les trois fondements de la religion34. Il est relaté qu’après la mort de ʿAṭā’ al-Sulaymī (QDA), quelqu’un le vit en rêve et lui demanda ce que Dieu avait fait de lui. Et il en est de même pour les cœurs qui sont atteints par ce qui est appelé l’ivresse spirituelle (sukr), l’extinction mystique (fanā’)133, ou bien par toute autre chose se rapportant à la perte du discernement, contre la volonté de celui qui vit l’état spirituel. Les gens se sont disputés, s’agissant de savoir qui, du pauvre patient, ou du riche reconnaissant, était le plus méritant176. 9 Makdisi 1963, p. 376, n.1 et p. 383, n° 1. Pour la traduction de « al-aṣwāt al-muṭriba », voir ibid., p. 108. 46 Concernant sa position sur le samāʿ, voir Michot 1991. Ainsi que Dieu, le Très-Haut, l’a dit : {Non, vraiment, les amis de Dieu n’éprouveront plus aucune crainte, ils ne seront pas affligés ; — ceux qui croient en Dieu et qui le craignent —} (Coran 10 : 62-63). , Beyrouth, Dār al-kutub al-ʿilmiyyah, 1985, 3 vol. Cet [état] [10] est dû à la puissance de « l’inspiration subite » (wārid)130 ainsi qu’à l’incapacité du cœur à la supporter.
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